Honorer son cycle féminin : archétypes, saisons intérieures et naturopathie (2/3)
Et si nos fluctuations cycliques n’étaient pas un fardeau, mais une richesse ? En résonance avec les saisons, les phases de la lune et les archétypes féminins, le cycle menstruel porte en lui une sagesse oubliée. Comprendre et honorer ses différentes étapes, c’est renouer avec sa nature profonde, mieux vivre ses règles, et poser un regard nouveau sur son féminin. Cet article explore les quatre grandes phases du cycle à travers le prisme des archétypes — Vierge, Mère, Enchanteresse, Sorcière — et propose des pistes concrètes issues de la naturopathie pour s’y relier au quotidien, en douceur et en conscience.

Dans le premier article de cette série consacrée au cycle féminin, nous avons évoqué le cycle de manière globale, sa physiologie, ses différentes fonctions, la nature très particulière du sang menstruel. Je vous ai proposé d’ouvrir une perspective nouvelle pour voir la beauté et les cadeaux de ce cycle menstruel.
Dans ce nouvel article, je vous invite à une exploration symbolique des quatre phases du cycle féminin. Comprendre les résonnances de ces phases avec le cycle du vivant, en percevoir le mouvement, en reconnaître les ressources permet de se réapproprier ce vécu cyclique : cesser de le subir et faire alliance avec lui pour déployer pleinement la puissante énergie qui nous anime, nous les femmes.
Ce faisant, nous nous offrons la possibilité de le vivre de manière harmonieuse et épanouissante, d’apaiser un certain nombre des symptômes et inconforts qui lui sont associés et qui résultent souvent d’un non-respect de ses énergies, et de pacifier notre relation à nous et à notre corps en reconnectant notre nature véritable, cyclique.
Pour les hommes qui partagent notre vie, reconnaître ces quatre phases du cycle permet d’accueillir ses fluctuations avec ouverture et conscience pour mieux les respecter aussi.
Cycle lunaire, cycle féminin
Cycle lunaire et cycle féminins sont étroitement liés : le corps de la femme reflète le cycle lunaire et le cycle lunaire influence celui de la femme. Mais l’influence lunaire a une portée bien plus large ! L’influence gravitationnelle de la lune sur la Terre produit entre autres une force de marée qui affecte aussi bien les océans que l’écorce terrestre. La force de marée a aussi un impact sur l’atmosphère et génère des marées atmosphériques qui se manifestent par un effet sur le climat (phénomènes de surpressions et de dépressions atmosphériques). Enfin, la lune contribue à stabiliser l’inclinaison de l’axe terrestre. Sans cet effet, la variation chaotique de l’inclinaison terrestre aurait généré des dérèglements climatiques et rendu impossible l’apparition de la vie sur terre.
Au niveau culturel, l’influence de la lune sur les sociétés humaines existe depuis des temps immémoriaux et se retrouve dans les calendriers, l’art et la mythologie. En effet, la lune a constitué le premier support de la mesure du temps, décompté en nuits et mois lunaires. Aujourd’hui encore, de nombreuses fêtes religieuses sont déterminées en fonction du cycle lunaire (c’est le cas par exemple de la date de Pâques qui, que l’on soit chrétien ou non affecte notre calendrier). Nombre de dieux et déesses lui sont consacrés, à travers les âges et les civilisations : la déesse Chang’e en Chine, le dieux Nanna ou Sîn chez les Sumériens, la déesse Séléné en Grèce antique… La lune a inspiré nombre d’artistes, poètes, compositeurs, peintres et constitue un archétype incontournable de la plupart des sociétés humaines.
L’astre lunaire, à travers son cycle, offre une symbolique riche sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour accéder à des clés de compréhension et d’accompagnement des énergies et potentialités disponibles au cours du cycle féminin. D’autres symboles et archétypes peuvent s’y associer pour enrichir notre compréhension et permettre que chacune, selon sa sensibilité, y trouve résonnance. Cette lecture symbolique a été développée en particulier par Miranda Gray dans son livre Lune Rouge, dont sont extraits les citations de cet article.
4 phases lunaires et menstruelles
Le cycle lunaire est divisé en quatre phases, relatives à la manière dont la lune nous est visible sur terre au cours de sa révolution : lune croissante, pleine lune, lune décroissante et nouvelle lune. De même, le cycle menstruel comprend quatre phases : pré-ovulatoire, ovulatoire, prémenstruelle, menstruelle, qui peuvent être mises en correspondance avec les phases du cycle lunaire. Ces quatre phases correspondent d’ailleurs à chaque cycle du vivant, comme je l’ai développé dans la saison 5 de mon podcast.
Pour la plupart des femmes, les menstruations coïncident avec la pleine lune ou avec la nouvelle lune. La durée du cycle féminin n’est pas exactement identique à celle du cycle lunaire mais elle peut varier de telle sorte que la période des menstruations survienne au moment de la nouvelle lune (cycle de la lune blanche) ou de la pleine lune (cycle de la lune rouge).
A chaque phase du cycle correspond un archétype, une figure porteuse de sens susceptible de nous inspirer. J’ai déjà présenté dans le premier article de cette série les mécanismes physiologiques à l’œuvre dans chacune des phases. Je vais maintenant développer les informations, énergies et tendances symboliques relatives à chaque archétype, ainsi que les clés et ressources d’hygiène correspondantes. Ce sont autant de possibilités de vivre son cycle menstruel de manière harmonieuse et épanouissante.
La phase pré-ovulatoire et l’archétype de la Vierge

La phase pré-ovulatoire correspond à la lune croissante et est associée à l’archétype de la Vierge. Elle est en correspondance avec le printemps et l’énergie montante. C’est la phase de la jeunesse, caractérisée par un élan vital, une liberté d’être, une dynamique grisante, fougueuse, sans entrave. Elle parle de renouveau. Avec la lumière qui augmente (celle de la lune, mais aussi celle du soleil au printemps), elle est porteuse d’inspiration. Associée à la couleur blanche, la phase de la vierge est le temps de la renaissance.
« La phase de la Vierge est une période pendant laquelle chaque femme est libérée du cycle de procréation et n’appartient qu’à elle-même. Elle prend confiance en elle, devient sociable et capable de faire face à toutes les contrariétés courantes de la vie. Elle fait preuve de plus de détermination, d’ambition et de concentration, elle est plus efficace dans son travail. C’est le moment de démarrer de nouveaux projets. Sa sexualité est nouvelle et fraîche et cette phase devient une période de plaisir et de joie. Tout son être exprime son enthousiasme envers le monde extérieur et sa volonté de profiter pleinement de la vie. »
C’est le moment du cycle où votre énergie est la plus disponible pour manifester vos projets et vos créations dans le monde extérieur. Cette énergie vient d’être purifiée, elle renaît avec un nouvel élan, mais aussi une conscience accrue, un enthousiasme renouvelé.
Cette phase correspond à la montée dynamique du yang, énergie qui se dresse et se mobilise vers l’extérieur, comme les jeunes pousses au printemps, pleines de vigueur et de légèreté., prêtes à dépasser les limites de la graine en dormance et à s’élancer, pleines d’ardeur, vers le ciel. L’attention est tournée devant soi, tendue dans cet élan qui projette vers l’avant, vers l’inconnu, vers les infinies possibilités.
S’harmoniser avec la Vierge
Sur le plan physique, la phase de la vierge est une phase dynamique. L’énergie, renouvelée, est disponible, le besoin en sommeil est moindre : c’est une phase qui permet d’envisager une activité soutenue, avec entrain, efficacité et endurance. Vous soutiendrez cet élan de vitalité par une alimentation riche en fruits et légumes crus, frais, de saison et en supers aliments : graines germées, algues de mer, jus de légumes frais etc., autant de ressources à la densité nutritionnelle optimale.
Une activité physique de plain air, dynamique, potentialisera idéalement l’énergie de cette phase.
Au niveau psychique, la pensée fonctionne de manière analytique et claire, avec une belle capacité à établir des priorités et à se positionner. La femme-vierge est résolue, audacieuse. Elle manifeste plus d’indépendance, elle a moins besoin de soutien, de réconfort, d’encouragement de l’extérieur. Sa confiance en elle est plus solide. C’est le moment d’oser, d’explorer : de nouveaux espaces d’activité, de relation, de créativité.
C’est une phase active, propice pour initier de nouveaux projets, manifester au grand jour les connaissances contactées lors de la phase précédente : ce que vous ressentez profondément ou de manière intuitive devient le fondement d’une action déterminée.
Mots clés : dynamique, énergie, intellect, éclat, inspiration, feu, lumière, santé, joie, corps, exubérance, pureté, détermination, analyse, confiance en soi, force, activité, sociabilité.
La phase ovulatoire et l’archétype de la Mère

La phase ovulatoire correspond, dans le cycle de la lune blanche, à la pleine lune. Phase de plénitude et de fécondité, elle est associée à l’été et à l’archétype de la Mère. C’est aussi la phase de milieu de vie, celle où la femme a concrètement la possibilité d’assumer cette fonction maternelle, de manière biologique ou symbolique. Avec une assurance tranquille, elle prend soin des autres, les nourrit physiquement et affectivement ; elle est la gardienne de l’harmonie du foyer. Elle est associée à la couleur rouge.
« La phase de la Mère est une période où les femmes perdent la conscience de qui elles sont, en préparation au désintéressement de soi caractéristique de la maternité. Les envies et besoins personnels de la femme perdent de leur importance à ses yeux ; elle devient attentionnée, rayonnante d’amour et d’harmonie. Sa sexualité s’épanouit en une expérience d’amour profond et de partage. Elle est capable d’assumer des responsabilités, de créer de manière productive et d’apporter son soutien, de nourrir des projets et des idées déjà existants. Elle peut constater qu’elle attire les gens qui se tournent vers elle pour trouver aide et soutien. »
La phase de la mère est une phase d’ouverture, de rayonnement, propice pour mettre à disposition ses ressources vers l’extérieur, pour réaliser et créer de manière concrète, pour entretenir les relations interpersonnelles, pour assumer de grandes responsabilités. C’est un moment choisi pour un partage avec sa propre mère, ou bien, si vous avez des enfants, pour passer du temps de qualité avec eux. C’est aussi un moment de grande ouverture dans la connexion à la nature ou la reliance spirituelle. En particulier, la phase de la Mère, dans son rayonnement épanoui complètement tourné vers l’extérieur, est aussi le moment de se relier à la Terre Mère : reconnaître ce lien, s’y ressourcer, y trouver force, ancrage, stabilité et abondance.
Cette phase correspond à la plénitude du yang, à l’abondance de l’été, riche des fruits et des manifestations concrètes de l’énergie créative, à partager dans la joie et la convivialité. C’est la période du plein épanouissement où la nature en général, et la nature de la femme en particulier, réalise pleinement ses potentiels, en célébration d’abondance de la Vie. L’attention est largement tournée vers l’extérieur, le spectre de rayonnement au plus ouvert.
S’harmoniser avec la mère
Au niveau physique, l’énergie et puissante et rayonnante ; elle est tournée vers l’extérieur et s’offre de manière désintéressée dans l’attention et le soin vers les autres, ce partage suffisant à nourrir satisfaction et enthousiasme. La pulsion sexuelle est forte, fondée sur un amour profond pour le partenaire.
Toute activité partagée en groupe, au sein duquel la femme pourra offrir sa contribution, soutiendra l’élan de cette phase. De la convivialité de la table, aux pratiques physiques et activités de groupe, tous les espaces pour déployer la joie simple de donner et de contribuer, ou tout simplement d’être ensemble, seront particulièrement en résonnance avec l’énergie de la mère. Veillez à ne pas surcharger outre mesure votre système à cette occasion, même si quelques excès éventuels seront certainement mieux tolérés qu’aux autres moment du cycle !
Sur le plan psychique, la femme est portée par l’élan et la plénitude de contribuer, le sentiment de satisfaction qui en découle, et un ressenti profond d’harmonie, de faire partie d’un Tout plus grand et d’y avoir pleinement sa place. C’est un moment où la confiance en sa valeur et l’assurance dans le don à l’autre sont grands et bien ancrés, portés par l’appartenance à une communauté qui donne tout son sens à ce mouvement d’ouverture.
L’archétype de la mère invite au don gratuit et généreux. Les énergies sont complètement tournées vers l’extérieur, dans le souci de l’autre et de la relation, et cela est source de joie et d’épanouissement. Et la capacité à porter la responsabilité d’un groupe, à l’animer, à le nourrir, au sens littéral comme au figuré, découle naturellement de cet élan puissant d’ouverture. Toutes les opportunités de partage, de faire ensemble, de coopération soutiendront l’épanouissement de la femme à ce moment de son cycle.
Cette phase est une phase d’intensité de vie dans l’échange et le partage, caractérisée par l’amour, la compassion, une force tranquille et rayonnante, la générosité d’une nature abondante et nourricière, protectrice et réconfortante, source de conseil et de sagesse.
Mots clés : Vie, attentionnée, compassion, amour, protectrice, nourricière, force, rayonnante, réconfortante, généreuse, sagesse, conseil, fruit.
La phase prémenstruelle et l’archétype de l’Enchanteresse

La phase prémenstruelle correspond à la lune décroissante, à l’automne. La lumière décroit et le mouvement s’oriente vers l’intérieur. Cette phase est en résonnance avec la période de vie de la femme mature et ménopausée ; l’énergie créatrice n’est plus au service de la procréation, la femme a là la possibilité de se réapproprier sa puissance créatrice pour œuvrer à un autre niveau, peut-être moins manifesté, plus profond. Plonger dans l’ombre, accueillir l’ombre, c’est contacter le monde de l’invisible (qui n’en est pas moins réel). L’Enchanteresse figure une femme qui a pleinement investi ses énergies, qui se connaît et qui assume la responsabilité de sa puissance. L’Enchanteresse est en connexion avec l’Invisible, elle perçoit plus qu’elle ne voit, ressent plus qu’elle ne sent ; elle sait qu’elle peut faire confiance à son intuition.
« Les énergies de l’Enchanteresse surgissent lorsqu’un œuf a été libéré, mais pas fécondé. La femme commence alors à se tourner vers la partie intérieure de sa nature. Elle prend conscience des mystères sous-jacents à la nature et sa sexualité devient puissante. Elle prend également conscience de sa magie et de son pouvoir personnels, ainsi que de l’effet qu’ils peuvent produire sur les hommes. Les énergies peuvent devenir fougueuses et, une fois libérées, se manifester par une créativité extraordinaire et effrénée. A mesure qu’approche la phase de la sorcière, il arrive qu’une femme voie sa concentration diminuer et devienne de plus en plus intolérante à l’égard de la vie quotidienne. Inversement, sa capacité à rêver augmente, son intuition se renforce ; sa compréhension des choses et son inspiration se font plus vives et fascinantes. »
L’énergie de l’Enchanteresse amorce un retour vers l’intériorité : plus de calme, plus de temps de contemplation et d’écoute. L’activité ralentit au profit d’une connexion à soi plus profonde.
L’activité mentale augmente en lien avec l’augmentation de l’énergie créatrice. Elle peut générer de l’agitation et de la nervosité, un besoin d’activité mais sans orientation précise, source potentielle de colère et de frustration, alimentant éventuellement reproches et culpabilité. Il peut être à ce moment-là plus difficile de faire face aux problèmes et aux pressions du quotidien. Les capacités de concentration et de réflexion diminuent, et la femme se verra plus émotive, plus irrationnelle.
L’ouverture à l’intuition et à la spiritualité est souvent plus grande ; l’acuité sensorielle et subtile, la réceptivité, la perméabilité aux informations de toute nature est exacerbée. Les énergies générées durant cette phase peuvent être considérables ; elles peuvent être relâchées sous la forme d’accès intense de création ou de destruction. Elles demandent à être canalisées afin que même les forces destructrices soient porteuses de vie.
Cette phase correspond à la montée du yin. Comme en automne, les jours, et donc l’activité, diminuent et l’invitation est à rentrer chez soi. C’est aussi le moment d’engranger les dernières récoltes, et d’élaguer les branches mortes, préparer l’hivernage, mettre de l’ordre à l’intérieur. L’attention est plus focalisée, plus resserrée, s’oriente vers l’intérieur et s’ouvre à l’intuition. C’est le moment de se rassembler.
S’harmoniser avec l’Enchanteresse
A la suite de la phase précédente, les énergies physiques se retournent : la vitalité est plus intériorisée, la force et la résistance physique diminuent progressivement, le besoin de sommeil augmente mais l’esprit est souvent trop agité et hyperactif pour se détendre. Pour certaines femmes, la sexualité s’intensifie grandement mais s’exprime à un niveau plus primitif qui peut devenir agressif, exigeant, dirigé vers la satisfaction personnelle.
Plus vous vous autoriserez à ralentir, plus vous accueillerez ce besoin d’intériorité, plus vous lui donnerez d’espace et de temps, plus vos émotions s’en trouveront harmonisées. Au niveau de l’alimentation, après les éventuels extras liés à la convivialité de la phase précédente, c’est le moment de revenir aux fondamentaux de l’équilibre nutritionnels : les bons apports au bon moment pour soutenir la vitalité qui est en baisse et l’équilibre nerveux et émotionnel possiblement plus délicat : des apports protéiques qualitatifs matin et midi, des acides gras de qualité, une large part de vitamines, minéraux et oligo-éléments pour optimiser la transition au niveau métabolique.
En termes d’activité physique, il n’est plus temps de dépenser son énergie à tort et à travers mais plutôt de la canaliser à travers des pratiques plus énergétiques et conscientes pour soutenir la connexion à soi qui redevient centrale, et aussi pour contacter et recueillir l’intuition prête à se faire entendre. Yoga, Qi gong, Taï chi, arts martiaux, pratique respiratoire d’harmonisation et de recentrage, voire de soutien de la vitalité.
Les énergies créatrices peuvent se manifester de manière si pressante qu’elles entraînent un comportement compulsif qui appelle à être apaisé ou mobilisé à travers une activité créatrice choisie. C’est le moment de vous adonner à votre passion favorite, qu’il s’agisse de couture, de coloriage ou de création de mandala, de danse, de jardinage… Peut-être aurez-vous envie d’écrire, de modeler, de décorer, de chanter… peu importe du moment que votre expression peut être libre et créative et qu’à travers elle, vous vous retrouvez.
Mots clés : magie, ensorceleuse, medium, intuitive, monde intérieur, destruction, création, automne, descente, enchanteresse, séductrice.
La phase menstruelle et l’archétype de la Sorcière

La phase menstruelle, moment des règles ou encore des lunes, correspond à la nouvelle lune dans le cycle de la lune blanche. La lumière de la lune nous est alors invisible ; c’est le domaine de l’ombre des profondeurs. Cette phase est en correspondance avec l’hiver et le passage de fin de vie. S’y trouvent les énergies de destruction et de création, ainsi que la conscience de leur source commune, de la nécessité de mourir avant de renaître, transformée.
« Les énergies de la Sorcière sont ressenties comme une intensification de la conscience intérieure caractéristique de la phase de l’Enchanteresse. Les énergies, contenues et intuitives, ne cherchent plus à s’extérioriser, à l’exception d’accès occasionnels de vision extatique. La femme est davantage en relation avec ses rêves ; elle se sent partie intégrante de la nature et en reconnaît de manière intuitive les structures sous-jacentes.
La phase de la Sorcière est un temps pour l’introspection, un temps pour prendre du recul par rapport au monde quotidien, pour dormir et rêver, pour exprimer doucement la magie et ralentir sa vie. C’est un temps pour chercher des solutions aux problèmes et apprendre à accepter le passé ainsi que l’incertitude de l’avenir. La femme s’ouvre aux énergies et aux instincts plus anciens, plus primaires. Comme lors de la pleine lune, sa sexualité s’épanouit, mais plutôt que d’apporter ses énergies dans le monde matériel, elle augmente sa spiritualité. »
La phase de la Sorcière est une période particulièrement initiatique du cycle féminin. Phase de chaos créateur qui ouvre à la possibilité d’un changement en profondeur, d’une rupture avec le passé, à l’image de la régénération de la muqueuse utérine, c’est à un grand ménage intérieur que la femme est convoquée, une opportunité de transmutation à saisir en conscience.
Le temps de la Sorcière est le temps du repos, du retrait, le moment de laisser œuvrer le vivant dans les profondeurs de la matrice ou dans les entrailles de la terre. Rentrer dans l’hiver de son être, se retirer du monde, se rendre disponible pour l’alchimie des profondeurs, se rappeler qu’avant de renaître, il faut mourir. Laisser derrière les parts de soi qui n’ont plus lieu d’être et poser les intentions des naissances à venir, dans la conscience aigüe de ce temps particulier.
S’harmoniser avec la Sorcière
La phase menstruelle, c’est le moment où l’énergie est la moins disponible : fatigue, lourdeur, besoin de sommeil accru… La vitalité est mobilisée ailleurs et le plus précieux est peut-être de ne rien faire, ou si peu. Dormez autant que vous en aurez envie ! Autorisez-vous à prendre votre temps, à être peut-être au ralenti, à faire avec l’énergie disponible, probablement petite. Ne vous inquiétez pas pour le retard que vous aurez l’impression de prendre : vous savez que la vierge arrive ensuite et que vous aurez là de l’énergie à revendre pour vous activer avec une grande efficacité ! Soyez minimaliste dans l’action, comme dans la nutrition : des repas légers et digestes, réconfortant aussi peut-être, que vous vous donnerez le temps de savourer avec beaucoup de présence. Privilégiez le mouvement doux, régénérant. Remplacez l’effort par l’attention, la présence.
Les énergies sexuelles éveillées durant cette phase peuvent atteindre une profondeur inaccessible durant le reste du cycle. Quel espace vous autoriserez-vous à ouvrir pour leur faire de la place ?
Avec la sorcière, le mental ralentit jusqu’à parfois s’arrêter ; ce n’est pas le moment de mobiliser votre système cognitif. Laissez-vous sentir, ressentir, laissez advenir un état méditatif que vous n’aurez pas eu besoin de chercher, une rêverie spontanée qui peut devenir extatique. Les émotions remontent à la surface, la sensibilité est à son apogée ; choisissez l’accueil, l’écoute, l’empathie pour toutes les parts de vous. Quant aux éléments terre à terre du quotidien, ce n’est juste pas le moment de leur donner trop d’attention ; l’invitation est à contacter toute la profondeur de son intériorité.
Mots clés : Obscurité, graine, hiver, unité, potentiel, vision, prophétie, sagesse, gestation.
Suivre sa nature cyclique
Vivre son cycle menstruel harmonieusement, c’est reconnaître sa nature cyclique et intégrer les potentialités inhérentes à chaque phase du cycle à travers des choix quotidiens qui les prennent en compte. De cette manière, il est possible, non plus de lutter à contre-courant, mais de surfer sur les vagues menstruelles et d’en faire une véritable ressource. Les archétypes sont les figures inspirantes qui nous guident sur ce chemin oublié de notre monde moderne.
Reconnaître et intégrer la connaissance instinctive avec laquelle le cycle des lunes nous connecte ouvre la voie à l’émergence de la Femme Sage, celle qui marche entre les mondes : entre lumière et ombre, visible et invisible, extérieur et intérieur, science et nature, raisonnement et intuition. La Femme Sage représente la femme capable d’équilibrer consciemment en elle ces polarités.
Jadis, elle était Prêtresse, souveraine, assumant la responsabilité de ses énergies à travers leurs expressions multiples, leur utilisation pertinente et leurs répercussions sur autrui. Aujourd’hui, dans notre culture occidentale en particulier, il y a bien peu de soutien et de transmission pour honorer ce cycle féminin et notre société qui cultive l’analyse, la performance et l’efficacité se satisferait volontiers d’une femme réduite à l’expression de la Vierge. Mais le vivant est riche de ses contrastes et de sa diversité.
Respecter ses fluctuations cycliques n’est pas toujours aisé dans la mesure où cela peut aller à contre-courant des valeurs dominantes et de l’éducation. La naturopathie offre un accompagnement précieux pour retrouver et apprivoiser, un pas après l’autre, sa nature cyclique à travers une pédagogie du vivant, l’écoute de ses sensations, le choix d’une écologie intérieure au service d’une contribution plus qualitative vers l’extérieure, et une hygiène de vie appliquée afin que cette compréhension du cycle féminin (en particulier) s’intègre pleinement aux habitudes du quotidien. Le bénéfice à envisager d’un tel accompagnement est celui d’un plus grand épanouissement de la femme qui se connaît mieux, cesse de subir les fluctuations de ses hormones, et par des choix plus ajustés ressent moins voire plus du tout d’inconforts liés au cycle. Dans le cas où ces inconforts persistent ponctuellement, la femme se sentira moins démunie car elle aura reçu une multitude de ressources naturelles et individualisées pour prendre soin d’elle et apaiser son vécu corporel, émotionnel et/ou psychique.
Honorer la sagesse cyclique du féminin, c’est se réconcilier avec les rythmes du vivant qui nous traversent, avec leurs forces, leurs fragilités, leurs mystères. C’est aussi cheminer, mois après mois, vers une compréhension plus fine de soi, une écoute plus subtile, un ancrage plus profond.
Mais que se passe-t-il lorsque ce cycle s’éteint ? Que devient cette sagesse lorsque les lunes se retirent pour de bon ?
Dans le prochain article de cette série, j’aborderai ce passage puissant et souvent ignoré : celui de la ménopause, fin du cycle hormonal et début d’une autre initiation — celle de la Femme Sage.
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